Voici pour ceux que cela intéresse l'article que j'ai écrit pour un quotidien luxembourgeois suite à ma visite du Salon de Francfort...
Article paru ce jour.
Bonne lecture.
Francfort 2009: Véhicules écologiques sous perfusion électrique!
A peine a-t-il ouvert ses portes que le salon de Francfort a déjà livré ses enseignements. A la mouvance écologique initiée en 2007 s’ajoute, aujourd’hui, la notion de survie avec pour toile de fond la crise économique.En effet, si en 2007 la prise de conscience de l'impact des émissions de CO2 sur l'environnement avait poussé de nombreux constructeurs à présenter maintes déclinaisons « écologiques » de leurs modèles, c’est aujourd'hui au bourgeonnement des voitures électriques que l’on assiste.
D’emblée, ce salon s’avère capital pour beaucoup de constructeurs, surtout ceux qui sont mal en point; il leur faut tirer parti de la crise économique et des considérations écologiques pour marquer les esprits et du coup espérer prendre l’avantage sur leurs concurrents. C’est par exemple le cas de Renault qui frappe un grand coup en annonçant une gamme de 4 véhicules 100% électriques et ce à partir de 2011.
D’autres ont une approche plus pragmatique en proposant des solutions concrètes pour tout de suite (stop&start, récupération de l’énergie au freinage, aérodynamique optimisée, injection directe des moteurs essence et diesel, down-sizing, gaz naturel, etc.) couplées à un programme hybride et/ou électrique pour le futur proche, soit 2011-2012. C’est le cas de la plupart des grands groupes tel BMW, Ford, GM, Mercedes-Benz, PSA ou Volkswagen.
Pourtant, seuls Toyota et Honda sont aujourd’hui capables d’offrir à la vente de réels modèles hybrides et ce depuis une dizaine d’années (Mercedes propose depuis peu la S400 hybride). Ce n’est plus une nouveauté pour eux et cela explique sans doute leur relative discrétion. En effet, Toyota, qui n’a plus besoin de faire la publicité de sa Prius, présentait son Auris en version hybride pour 2010 et sa nouvelle Prius « Plug-in » (c’est-à-dire rechargeable sur secteur) était aussi visible sous forme de concept mais dont la vente débutera en 2011. Honda, Mitsubishi et Nissan étaient carrément absents, une autre manière de faire face à la crise sans doute…
Cependant cette tendance au tout électrique offre aussi des opportunités aux nouveaux venus. Pourquoi ? Simplement parce qu’un véhicule, s’il est conçu de A à Z pour ne fonctionner qu’avec un moteur électrique, offre une architecture plus flexible qu’une version à moteur thermique classique et finalement on obtient un véhicule plus simple et avec moins de contraintes dans sa construction. C’est sans doute ce qui a poussé de nouvelles marques, on peut même parler de « start-up », à s’engager dans cette voie. On parle ici de Tesla, Fisker, Reva, et même Trabant qui est aujourd’hui la propriété d’un fabricant de modèles réduits… opportuniste n’est-il pas ?L’ELECTRICITE EST-CE L’AVENIR ?
Mais finalement la voiture électrique est-elle viable ou n’est-ce que de la poudre aux yeux? Disons le tout de suite : construire une voiture électrique 100% aboutie est aujourd’hui possible pour la plupart des constructeurs. Mais alors pourquoi n’y en a-t-il pas à tous les coins de rue ? La réponse est à la fois simple et complexe, simple car le talon d’Achille de la voiture électrique est sa batterie (c’est elle qui pose problème) et complexe car la concurrence avec les industries liées au vecteur pétrolier reste forte. Aussi, il ne suffit pas de proposer une voiture électrique pour qu’elle se vende, il faut aussi que les infrastructures (bornes de recharge, stations d’échange de batteries) suivent pour qu’il y ait acceptation du public. Bref, ce n’est pas gagné d’avance ! Pourtant s’il y a bien un moment dans l’histoire de l’automobile où l’acheteur se dit prêt à acquérir un véhicule électrique c’est bien maintenant. Les raisons ? La responsabilité écologique croissante, la volatilité du prix du pétrole mais aussi ses ressources limitées (Peak Oil anyone ?) inquiètent et font beaucoup réfléchir… A vrai dire, il faut se rendre à l’évidence car nous sommes arrivés à la croisée des chemins pour l’automobile, un point d’inflexion où de grands changements se mobilisent, et cela promet d’être passionnant !LA COURSE AUX BATTERIES
Revenons-en aux batteries… Si l’opinion publique semble aujourd’hui prête à accepter l’idée du véhicule électrique, les batteries posent toujours problème; ce seraient même elles les responsables du retard accumulé dans l’industrialisation de la voiture électrique. Eh oui, il faut savoir que les traditionnelles batteries au plomb que nous connaissons dans nos voitures ne font pas l’affaire, elles sont trop lourdes, trop encombrantes et ne peuvent pas emmagasiner suffisamment d’énergie pour garantir une autonomie suffisante. Cependant les véhicules hybrides, avec Toyota en tête, ont, ces dernières années, contribué à l’amélioration des batteries, ce sont les NiMH pour batteries au nickel-hydrure métallique. Ces dernières conviennent aux motorisations hybrides mais s’avèrent encore un "peu juste" pour rouler en propulsion 100% électrique puisque leur autonomie se limite à 2 km à la vitesse de 50 km/h ! En fait la solution vient du type de batteries utilisées dans nos ordinateurs et téléphones portables, les fameuses Li-ion (Lithium-Ion) qui ont déjà fait parler d’elles par leur risque d’explosion en cas de surchauffe… Voilà la raison du retard ! Les constructeurs travaillent donc tous d’arrache-pied pour les rendre sûres et fiables, tout en préparant leur industrialisation à grande échelle. C’est à celui qui sera prêt le premier mais tous annoncent des dates aux alentours de 2011-2012 pour la sortie en grande série des premiers exemplaires. Seulement, il faudra être patient car les volumes de production seront relativement faibles au début (quelques centaines de milliers de voitures par an*) et ces batteries ne permettront, dans un premier temps, que 130 à 150 km d’autonomie !Le mouvement vers l’électrification des voitures s’est bel et bien mis en marche. C’est sûr, un jour nous roulerons tous avec au moins un moteur électrique dans notre voiture. Pourtant, cela ne se fera pas en rupture complète avec le bon vieux moteur à combustion interne qui a encore de belles années devant lui. Pourquoi ? Simplement parce que le chemin de l’électrification passe par le véhicule hybride qui, lui seul, permet une autonomie acceptable pour l’instant, tout en proposant une économie de carburant réelle et en préservant les côtés pratiques d’un véhicule classique. L’hybride sera encore plus désirable le jour où il deviendra «Plug-In», c’est-à-dire rechargeable sur secteur, chose possible avec les batteries Li-ion (celles des véhicules 100% électriques) à partir de 2011-2012. Il sera alors envisageable de rouler +/- 50 km en mode électrique (soit le trajet quotidien moyen en Europe) et de basculer sur le moteur classique quand les batteries sont déchargées. Les voitures 100% électriques feront, elles aussi, partie du paysage automobile mais tant que leur autonomie ne dépassera pas 150km, elles devront se cantonner à des utilisations urbaines et périurbaines (malgré ce que certains voudraient nous faire croire…). Cependant, l’intensité de la recherche est telle aujourd’hui qu’il suffirait d’une percée inattendue dans le développement des batteries pour balayer toutes les contraintes actuelles et que le véhicule électrique s’impose en solution de bon choix. Mais il subsistera toujours la question de savoir avec quelle énergie l’électricité sera produite, car si cela a du sens en France (nucléaire), en Islande (géothermie) ou en Suisse (hydraulique) où l’électricité produite est peu génératrice de CO2, ailleurs comme en Allemagne ou en Chine (charbon), rouler à l’électrique produira autant voire plus de CO2 qu’avec un très bon moteur á combustion interne.
Décidément, et quoiqu’on en dise, nous vivons une époque formidable !*la production mondiale automobile varie entre 60 et 70 million de véhicules annuellement.