Ceci est un essai que j'ai écrit sur ma première expérience en course automobile. Pour ceux que çà intéresse, merci de me communiquer vos impressions.
Bonne lecture!
Pilote d’un jour… pilote toujours!
Pilote d’un jour… pilote toujours!
Civic Type R FK8 au quotidien, MX-5 10th Anniversary, FD3S '92 Collector et 997.1 CS pour le beau temps :-)
Une 2CV de 1988 dort au fond de mon garage en attente d'une remise en route...
Re: Pilote d’un jour… pilote toujours!
R-Ickx-7 a écrit :Pilote d’un jour… pilote toujours!
Ou la découverte de la course automobile à la plus belle place, derrière le volant.Un déjeuner décisif
C’est en mangeant avec deux copains, amateurs de belles mécaniques comme moi, que Bruno me lança un défi "sournois". Voilà: mon camarade, qui participe depuis peu au championnat belge de Fun Cup, a besoin de renfort pour la dernière course de la saison; un de ses équipiers a inopinément déclaré forfait! Je suis bien évidemment intéressé par son offre – un vrai défi, sans aucun doute! - et je brûle d’envie de participer, enfin, à ma première course automobile. Il est vrai que je « lime » les pistes de karting depuis bien longtemps, mais aussi les circuits automobiles, en amateur « éclairé » et, à ... quarante ans, je me dis que le moment est peut-être arrivé de franchir le pas, mais je suis aussi quelque peu réticent, mille questions me troublent…
Est-ce bien raisonnable? C’est que cette proposition n’a rien de gratuite en plus, et puis, n’est-ce pas un peu risqué?
Bref, vous l’aurez compris, j’ai beau faire confiance à mon ami, je reste partagé entre crainte et enthousiasme… Cependant, ma curiosité et mon envie sont trop grandes et je finis par accepter de rejoindre le Team Allure. Ça me fera une histoire – une de plus - à raconter…
Mais sur quelle auto et quel circuit suis-je supposé courir? La voiture est une VW Fun Cup et le circuit c’est Spa-Francorchamps; oui, celui-là même où se déroule le Grand Prix de Belgique de Formule 1! Lieu magique où les Senna, Prost et Schumacher se sont illustrés... C'est incontestablement le plus beau circuit du monde, rien que ça! Belle entrée en matière pour un néophyte, n’est-ce pas?
Et la Fun Cup, en fait, qu’est-ce donc? Une voiture de route modifiée pour la course ou une monoplace de circuit? Un peu des deux. En réalité, la Fun Cup ressemble à s’y méprendre à une banale VW Coccinelle (oui, vous lisez bien!) à laquelle on aurait rajouté des appendices aérodynamiques tels ailerons et spoilers; ce n'est pas bien glorieux ou rassurant… Mais, dessous, se cache une véritable voiture de course. De fait, cette auto, qui existe en version biplace et monoplace, est composée d’un châssis tubulaire et d’un 4 cylindres en ligne de 130CV, ce qui semble peu dans l’absolu mais bien suffisant au regard de sa masse, inférieure à 800kg. Le tout est « enrobé » d’une carrosserie en polyester, moulée sur une vieille VW Coccinelle des années 70, ce qui lui confère incontestablement beaucoup de sympathie, notamment auprès de la gent féminine et des enfants.Jour J-1 : découverte et « essais libres »
Le jour tant attendu – et tant redouté à la fois - est enfin arrivé! J’ai rendez-vous sur le circuit très tôt le vendredi matin pour effectuer les essais libres et me familiariser avec ma monture et toute l'équipe. Les essais auront lieu l’après-midi et la course le lendemain; le départ est programmé pour le samedi à 16h.00, il s’agit d’une endurance longue de six heures qui se déroulera de jour comme de nuit.
Mais avant de m'asseoir derrière le volant, je vais devoir satisfaire aux obligations administratives; mon certificat médical en main, je file au bureau des inscriptions, pour y subir les examens théorique et pratique qui m’octroieront le précieux sésame: ma licence de pilote pour le week-end. Obligatoire! Et la tension commence à monter…
La première étape est franchie avec succès. Licence en poche, je file aux pits F1 où les teams de Fun Cup ont élu domicile pour le week-end. Bruno m’y attend en compagnie de « ma voiture ». C’est une biplace blanche qui porte le numéro 307. Il me présente aux membres de l’équipe, et c’est avec enthousiasme que je fais le tour du propriétaire sous la direction de Dino, le chef d’équipe. Il m’explique aussi tous les aspects techniques et pratiques du bolide, et, finalement, m’installe à bord pour régler ma position de conduite idéale. Siège baquet et harnais sont ajustés à ma taille et les différents boutons et cadrans du poste de pilotage sont passés en revue, identifiés... et mémorisés; concentration extrême!
Tout en préparant méticuleusement mon équipement (combinaison, chaussures, gants, cagoule et casque, ignifugés et homologués par la FIA), je grignote machinalement... Sans m’en rendre compte, j’avale un sandwich et une boisson énergétique. C'est que je vais en avoir besoin d’énergie pour m’élancer sur Spa-Francorchamps, et de courage aussi... pour y rester!
13h.00 : heure du début des essais. Une meute de septante voitures s’élance pour deux heures de reconnaissances, de réglages et de chronos aussi… La course, c'est pour plus tard. Assis dans mon stand, parfaitement équipé, je suis prêt et j’attends. Jean-François s’est élancé en premier, avec pour mission la vérification du « set-up » de la voiture et l'obligation d’établir un temps de référence. La tension est bien là mais je garde mon calme, je maîtrise bien mes émotions.
Ça y est, la 307 revient aux stands, le pilote coupe le moteur et s’extirpe du cockpit. J'y saute et pendant que deux mécanos m’assistent pour m’harnacher, deux autres vérifient la pression des pneus et le serrage des roues. Sécurité ! Ces opérations n’ont pris que quelques secondes, mais, dans ma tête, tout se déroule au ralenti; je m’étonne d’être là, à Spa, à la place du pilote, prêt à monter en piste; ma vision est trouble et j’ai l’impression de flotter. Tout à coup, un bruit sourd résonne: c’est Dino qui tape sur le capot et me fait signe de démarrer le moteur; je reprends mes esprits et instinctivement j’obéis aux ordres; je m’élance sur le grand toboggan des Ardennes, enfin …
Le temps est gris et la piste est sèche, de bonnes conditions pour débuter en somme. Je quitte la « pitlane » au niveau du virage de la Source et c’est parti! J’accélère à fond dans la descente qui mène au Raidillon, le long des anciens stands, dits des 24 heures, je passe au-dessus de l’Eau Rouge pour escalader le fameux Raidillon (un véritable mur, celui-là!) à fond de quatrième. Pas mal pour un début. La voiture est stable et n’a pas bronché; rassuré, je passe la cinquième dans la longue ligne droite de Kemel tout en... me faisant dépasser à droite, à gauche; c’est chaud! C’est les yeux rivés sur mes rétros que j’attaque le freinage des Combes, je passe la « quatre » pour négocier le virage de Malmédy et, une centaine de mètres plus loin, je plonge déjà sur Bruxelles, un virage en devers en forme de fer à cheval, probablement le plus délicat du circuit. Ma concentration est au maximum car je dois composer avec de nombreuses variables à la fois: découvrir la voiture, garder la bonne trajectoire et laisser le passage aux voitures plus rapides, c’est-à-dire à peu près toutes dans ce premier tour... Quelques virages encore et ce tour de folie est déjà bouclé et je suis toujours en piste. Ouf !
S’en suit une série de cinq tours avant de revenir aux stands; ce premier galop s’est bien déroulé et m’a permis de me familiariser avec les trajectoires et les réactions de ma voiture; j’ai même haussé le rythme vers la fin, au point de dépasser un autre concurrent ! Ça me rassure ...
Mon deuxième et dernier « run » de la journée me permettra de continuer mon apprentissage. J’en ai même profité pour accomplir, malgré moi, un premier exploit : négocier le Raidillon à fond de cinquième! Quel pied, ce Raidillon !
Cette première journée se passa donc sans encombre et restera gravée à jamais dans ma mémoire. C’est avec des images plein la tête, mais aussi des sensations physiques inconnues jusqu'alors, que je rentrai à la maison, enchanté mais épuisé.Jour J : la course !
Le grand jour est arrivé! Je suis sur le circuit vers 11h.00 après avoir passé une nuit tranquille et reposante; mon calme et ma décontraction m'étonnent même… je me rappelle avoir été bien plus fébrile à l’époque de mes compétitions d’athlétisme, il y a vingt ans!
Le temps est mitigé: ciel gris et risque de pluie ont été confirmés par le bulletin météo à la radio. Hum, pas top la pluie pour débuter… Mais les prédictions météo étant un exercice hasardeux, particulièrement dans cette région, rien n’est moins sûr.
Je rejoins mon équipe dans les stands, les mécanos y sont déjà à pied d’œuvre, achevant les derniers préparatifs. C’est qu’il y a encore la séance qualificative entre 12h.00 et 14h.00... Bien que les chronos comptent, partiellement il est vrai, il s’agit plus d'une répétition générale car la grille est tirée au sort dans 2 chapeaux ; seuls les 35 meilleurs temps, ceux du premier chapeau, sont assurés de partir sur le devant de la grille.
De toute façon, ma voiture est une biplace et partira d’office en fond de grille, c'est le règlement. Je ne prendrai pas le départ, mais derrière la meute vorace, le début de course n’en sera que plus « calme » pour nous…15h.00 : la tension monte encore… les qualifications se sont bien déroulées et la 307 a fait un chrono honorable, la plaçant théoriquement dans les 50 premiers. Pourtant, c’est le moindre de mes soucis car terminer la course sans encombre est mon principal objectif pour cette première expérience.
15h.30 : des goutes de pluie commencent à tomber pendant que les bolides montent en piste pour se placer sur la grille.
15h.45 : le revêtement de la piste est maintenant complètement détrempé; une pluie fine ne cesse de tomber et le ciel est chargé de nuages…Maudits soient-ils! Ça se confirme, ma première course se déroulera sous la pluie... Un signe du ciel, en clin d’œil à mon idole Ayrton Senna?
15h.55 : les bolides s’élancent sous la direction du « Safety Car » pour un dernier tour de reconnaissance et de chauffe; après quoi, le départ, lancé, sera donné.
15h.59 : les Fun Cup réapparaissent, bien groupées, à hauteur de la nouvelle chicane. On perçoit nettement la tension… Les premières voitures franchissent la ligne de départ en face des pits F1 et le bruit des moteurs monte en puissance, ils grondent, ils hurlent... c’est parti !
Le timing est respecté : il est 16h.00.
Jean-François a pris le départ au volant de la 307 avec un passager à ses côtés, c’est que notre biplace fait office de « voiture baptême ». Les sponsors, connaissances ou amis ont le joyeux privilège d’embarquer pour des « runs » de trente minutes en conditions de course… sensations garanties !
Pour ma part, je n’ai pas le droit d'emmener un passager, je suis novice et je dois encore faire mes preuves avant d’endosser pareille responsabilité, c’est très bien ainsi !
Vers 16h30, c’est à mon tour de prendre le volant et de découvrir le circuit de Spa sous la pluie, le vrai Spa en somme… Tout se passe bien, la voiture a des réactions saines mais la visibilité est précaire dans les portions rapides, je n’en fait pas trop, je reste sur mes gardes car je ne veux pas me retrouver au tapis ou plutôt dans le gravier ! Je suis dans le rythme du gros de peloton et suis assez content de moi, et puis les conditions de courses c’est vraiment quelque chose… L’expression « faire la course » prend ici toute sa dimension, je crois rêver… mais non je suis bien là, au volant et en course !
Après 30 minutes, le panneauteur me fait signe de rentrer; je m’exécute et c’est une fois dans le stand que je savoure l’intensité du moment: je viens de faire mon premier relais en course, à Spa, sous la pluie et, dans 3 heures, je vais remettre ça...!
En attendant, je me change, me restaure, discute le coup avec les autres pilotes de l’équipe et je surveille les chronos des meilleurs. J’en profite au passage pour découvrir les astuces de trajectoire des uns ou les bons rapports de boîte à adopter chez les autres. Bref je suis dans le bain, mon apprentissage bat son plein et j’adore ça.
L’heure de mon dernier relais arrive déjà; cette fois-ci, c’est avec plus d’assurance et de conviction que je reprends le volant. Pourtant une difficulté supplémentaire s’est ajoutée… il pleut toujours, mais en plus, il fait nuit! Décidément, j'accumule les difficultés puisque j’ai réussi à réunir pratiquement toutes les conditions météo en une seule course... Néanmoins, j’ai adoré courir dans le noir et sous la pluie; on se sent complètement isolé car on est là, seul dans son bolide face aux éléments... et aux autres concurrents. Cela apporte encore plus de sensations; jouer avec l’adhérence dans ces conditions est aussi très particulier, on aime ou on n’aime pas. Moi, en tout cas, j’ai adoré!
Mon relais touche à sa fin, je suis content de moi, je pense avoir bien roulé car j’ai pu me mêler à la bagarre. Quelques belles passes d’armes avec des dépassements à la clé m’ont permis d’appréhender le monde de la course automobile. Et puis j’ai ramené la voiture sans accrocs ni bobos... pas si mal pour une première!
J’ai vécu ce week-end-là des moments magiques que je n’oublierai jamais. Je sais désormais que la course automobile est faite pour moi, ou l’inverse, c’est selon… et je me demande bien pourquoi j’ai attendu si longtemps avant de franchir le pas.
Bref, me voilà maintenant avec un problème à résoudre: comment vais-je faire pour répéter cette expérience au plus vite ?
Passion, tel est son nom…
Civic Type R FK8 au quotidien, MX-5 10th Anniversary, FD3S '92 Collector et 997.1 CS pour le beau temps :-)
Une 2CV de 1988 dort au fond de mon garage en attente d'une remise en route...
johan a écrit :Belle histoire , tu en as eut de la chance !
Merci.
Oui c'est vrai que j'ai eu de la chance de vivre ça, mais parfois la chance elle se provoque aussi .
Cette expérience ne fut pas gratuite, mais elle m'a permis de réaliser un rêve, et ça n'a pas de prix.
Civic Type R FK8 au quotidien, MX-5 10th Anniversary, FD3S '92 Collector et 997.1 CS pour le beau temps :-)
Une 2CV de 1988 dort au fond de mon garage en attente d'une remise en route...
Très chouette. Ca me rappelle des souvenirs...
Et bon résultat aussi. Ma première course moto (en hornet cup), j'avais terminé bon dernier, à deux tour du premier...
Tu penses remettre ca ?
--------------------------------
Corvette Z06 + Honda CBR1000RR + Ford Mondeo 2l boite auto (cherchez l'intrus) ;-)
Benji a écrit :Très chouette. Ca me rappelle des souvenirs...
Et bon résultat aussi. Ma première course moto (en hornet cup), j'avais terminé bon dernier, à deux tour du premier...
Tu penses remettre ca ?
Ben... en fait cette première expérience s'est déroulée fin 2007.
Et comme vous aurez compris j'en suis resté accroc, au point de convaincre 4 pots d'acheter une Fun d'occase! On a donc fait toute la saison 2008 avec des hauts et des bas, mais cela s'est bien déroulé dans l'ensemble.
Et cette année on remet ça mais on n'est plus que 3 ou peut-être 4.
Si ça vous intéresse de découvrir la discipline en venant nous faire un petit coucou dans les pits, vous êtes les bienvenus.
La première course se déroulera le week-end du 11-12 avril à Spa.
Invitations téléchargeables ici.
http://vwfuncup.cybernet.be/fr/actualit ... ions-.html
P.S. notre ami Mag y sera aussi, c'est d'ailleurs lui qui m'a mis le peid à l'étrier!
Civic Type R FK8 au quotidien, MX-5 10th Anniversary, FD3S '92 Collector et 997.1 CS pour le beau temps :-)
Une 2CV de 1988 dort au fond de mon garage en attente d'une remise en route...