Ce samedi, j'ai reçu à prêter pendant 7 heures une BMW M135i X-drive. Histoire de la jauger par rapport à mon RS3, que certains essayeurs dérivent comme très souvireuse,surtout en comparaison à la très neutre M135i.
Le moteur de 320 ch et 450 Nm est exceptionnel, rugissant dans les tours tout en étant très raffiné et équilibré. Au niveau performance, elle est tout-à-fait en accord avec la RS3. Même mon frère, possesseur d'une 997 Targa 4S, acheteur futur potentiel de mon RS3, est épaté aussi par le performance de cette M135i, dont une grosse part provient de l'excellent boîte de vitesse à ... 8 rapports (RS3 : 7 rapports). Il y a 4 réglages possibles au niveau dynamique : ECO, qui transforme la M135i en 116d avec câble d'accélérateur élastique, mais qui permet d'atteindre ses excellents chiffres de CO2. Le mode CONFORT, qui est le mode "normal", qui permet néanmoins un déplacement véloce si on brusque un peu l'accélérateur. Le mode SPORT qui satisfera le conducteur pressé qui veut du répondant dans tous les cas de figure, et le mode SPORT+ qui est encore plus agressif et repousse en plus les limites du DSC. Je n'ai pas utilisé ce dernier mode, plus orienté pour les sorties circuit, à mon avis. Le mode ECO n'aurait aucune utilité pour moi si je devais acheter une telle voiture (sauf son effet positif sur le CO2). J'ai donc alterné les modes CONFORT et SPORT toute la journée. Avec un réglage supplémentaire possible au niveau de la boîte, dont la réactivité et les passages sont très efficaces, entre le mode D, et le mode S, voire en manuel. Le mode D est déjà influencé par le réglage dynamique mentionné auparavant. On obtient au final un nombre de réglages possibles un peu élevé à mon goût. Mais pour ma part, je n'utilisais que CONFORT-D, SPORT-D et SPORT-S. C'est déjà plus gérable.
En comparaison, la RS3 ne possède que 2 modes dynamiques -- NORMAL et SPORT, qui modifie l'agressivité de l'accélérateur, le son de l'échappement et repousse (à vérifier car non confirmé) aussi, je pense, l'ESP -- et 2 réglages de boîte -- D et S. La position en D est la position normale mais qui sert aussi à atteindre les chiffres de conso et de CO2 pour l'homologation. Donc la boîte a tendance à passer un peu vite aux rapports supérieurs si on n'agresse pas l'accélérateur. En S, la boîte est trop agressive en conduite routière rapide, mais est par contre parfaite en mode attaque ou sur circuit. En gros, en conduite rapide mais fluide, je me retrouve aujourd'hui contraint à passer les vitesses en manuel, ce qui me permet d'écraser le champignon, mais en restant dans la zone 3000-4000 tr/min au moteur.
A tous les niveaux -- temps de réponse du moteur au tip-in (enfoncement d'accélérateur), montée en pression du turbo, feeling de la pédale de frein, suspension -- la M135i se révèle beaucoup plus souple et amortie que la RS3. Cela en fait une voiture un peu plus civilisée, un peu plus polyvalente, mais finalement un peu plus "mainstream", un peu plus "118d aux stéroïdes" que les modèles franchement sportif de la branche M, ou que la RS3. Pour certains, ce sera même un peu trop soft à leur goût. Pour d'autres, ce sera un avantage. Pour moi, je me suis habitué à la RS3 et j'apprécie aujourd'hui son côté légèrement bestial, que la M135i n'a pas du tout, sinon uniquement en accélération plein pot et dans le son de son moteur. Un seul point vraiment noir au tableau, le freinage. Par rapport à la RS3, j'avais l'impression que la pédale était sur un levier en caoutchouc, avec un feeling un peu spongieux. De plus, la puissance de freinage est assez faible pour un tel bolide. Les freins de la RS3 sont très directs et vraiment mordant dès le contact des plaquettes avec les énormes disques, ce qui contribue objectivement à la sécurité mais aussi au sentiment subjectif de confiance dans le véhicule.
En milieu d'après-midi, j'ai repris mon RS3. La position de conduite offerte est plus haute que celle de la M135i, qui offre, a posteriori, une position idéale. Comme quoi, une comparaison n'est jamais valable tant qu'on ne fait pas le cycle complet A-B-A.
Dans l'absolu, cette M135i X-drive est une voiture exceptionnelle. Bien qu'elle soit plus civilisée que la RS3, avec une suspension plus souple, son efficacité au niveau tenue de route n'en souffre pas du tout. Seul le freinage laisse à désirer. En conduite agressive sur routes sinueuses, la RS3 et la M135i m'ont semblé aussi efficaces et neutres l'une que l'autre. La seule différence étant que l'une deviendra sur-vireuse lorsque l'arrivée dans un tournant est un peu trop optimiste tandis que l'autre restera sous-vireuse. Dans les 2 cas, l'ESP/DSC vient remettre de l'ordre en cassant un peu le rythme. Ce dernier aspect est important, et explique parfois que certains essayeurs "cassent" la RS3 comme étant sous-vireuse. Elle ne le devient que quand on exagère dans les attentes que l'on a de sa capacité à prendre un virage et à motricer en même temps. Dans la même situation, la M135i a les mêmes difficultés sauf que ce n'est pas le même train qui jette le gant. Il s'agira toujours d'essayer d'arriver un tantinet sous la limite. Et si la RS3 semble partir un peu large, un lever de pied agressif avec remise des gaz permet, d'une part, un transfert des masses bénéfique pour l'adhérence du train avant surexploité, et d'autre part, un transfert de couple vers le train arrière, qui aide à l'enroulement de la courbe et à la neutralisation du comportement.
Donc, en conclusion, je ne compte pas remplacer mon RS3 par cette excellente M135i X-drive. La M135i est équivalente, et n'apporte pas assez, voire pas du tout, de plus-value par rapport à mon RS3 pour pouvoir justifier un changement. Par contre, le choix eut été beaucoup plus diffcile si je n'avais pas encore la RS3, et que je devais choisir entre les 2. Surtout si on considère l'avantage de prix, et fiscal, de la M135i !
Fabrice