Benji ... t'est toujours la ??
Biker's day à Francorchamps - 9 & 10 Août 2007
- Baphi
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Alors, alors
... tu vas pas me faire attendre jusqu'a dimanche ...
Bon en attendant je me tape ceci ... Video
on dirait une Renault avec le cruise bloqué
... a part que ce ne sont pas de km/h ...
Il s'est arréter parce que le réservoir était vide ??
Ah oui, le récit. Du calme, je bosse, moi
(Long récit. On inspire à fond)
Donc, j'ai presque prié pour avoir un temps sec, et c'était "vaguement potable" lorsque je suis allé sur place le mercredi soir.
A ce propos, j'ai passé la nuit au "relais du pommard", où nous avions mangé il y a 2ans, à 500m du circuit.
Le matin, mes derniers espoirs se sont envolés, car en passant la tête par la fenêtre il "drachait comme vache qui pisse", et les infos locales indiquaient même des risques d'inondation à Spa.
Super...
Je me dirige donc vers les paddocks "Endurance" vers 7H30, où se pressent déjà quelques pilotes, penauds, qui implorent le ciel des yeux.
Lors du "check-in", certains pilotes essayent même de se faire rembourser au bureau, sans trop de succès.
Certains, dépités ou effrayés, choisiront même de faire demi-tour en abandonnant leur inscription.
Il reste néanmoins de nombreux pilotes, surtout que le week-end verra les "500 kilomètres de Spa" (qui remplacent les 24h FIA) et que de nombreux concurrents sont venu profiter des sessions libres pour apprendre le circuit. On voit d'ailleurs de nombreux semi-remorques d'équipes "pro" à plaques belges ou étrangères.
Le cours d'introduction commence, avec la formation des groupes. On peut sentir la tension chez les pilotes, surtout que la mezzanine du paddock donne sur la ligne droite et le raidillon et sur les véritables torrents de flotte qui les dévalent. Nous ne sommes pas non plus très rassurés par la poignée de comissaire occupés à racler la flaque d'eau qui s'est formée au bas du raidillon.
On forme 4 groupes : Deux francophones, un néerlandophones et un groupe anglophone qui reprend plusieurs nationalités. Vu que les groupes francophones sont saturés (notamment par des pilotes français), je me propose pour intégrer le groupe anglophone, composé de 15 pilotes (Allemands, anglais, un americain(si si!) et quelques belges anglophiles.
On nous présente nos deux instructeurs, deux jeunes flamands très sympatiques, en équipement BMW. On nous distribue également une horrible vareuse verte, qui permettra aux instructeurs et aux commissaires de nous localiser et nous diriger vers les bons groupes. On me remet également mon numéro, le 12.
Question rituelle : "Qui a déjà roulé à Spa", et la moitié des pilotes lèvent la main. Vu que le cours est clairement orienté "apprendre à rouler vite à Francorchamps" et non pas "initiation", je m'attends à avoir plusieurs "pro" qui viennent apprendre le circuit en vue de la course du week-end.
On a 40 minutes avant de se lancer sur la piste, et c'est l'heure de la première session théorique. Sur de grands panneaux représentant chaque virage, un par un, les instructeurs nous indiquent les meilleures trajectoires pour minimiser le temps au tour. C'est utile de se les remettre en mémoire, car certains virages (comme le raidillon) ne sont pas très intuitifs.
La session se termine : "circuit dans 10 minutes". On se rend donc sur le tarmac pour s'équiper.
Il "drache" toujours, et je prends le temps de regarder les autres motos : le haut de gamme des catalogues japonais, allemand, anglais et italiens sont présents, même si beaucoup de "ducatistes" ont abandonné (classique). On trouve même une Buelle kittée endurance.
Certaines motos ont même monté des pneus pluies, ce qui est compréhensible et dénotte déjà une certaine organisation (un pro?).
Mes pneus me donnent d'ailleiurs quelques inquétudes : Ce sont des Michelin pilot power 2 composantes. Des pneus à la limite de l'homologation, excellents sur le sec mais "fortement déconseillés sur le mouillé", à cause de sa gomme efficace à chaud et sa quasi absence de rainures (notamment sur le flanc).
Un des deux moniteurs m'annonce "J'aimerais pas rouler avec ca". Super...
Mais je ne suis pas le seul, la moitié des motos ont des pneus sport. Quelques uns ont des pneus pluie et la plupart ont des pneus "toutes saisons". Je profite du délai pour démonter mes rétroviseurs et recouvrir mes feux de bande adhésive (obligatoire).
Les moniteurs sont eux montés sur des BMW (une R1150S et une K1250RS) mais j'apprends vite qu'ils roulent sur des motos plus sportives habituellement. Ils ne sont pas très entousiastes de monter en piste sur des colosses de 250kg équipés de cardans (qui génèrent des réactions parasites sur le mouillé). Mais cette année, c'est BMW qui sponsorise la "Rider school".
On s'équipe et on s'aligne sur la piste des stand, à la queue-leu-leu, les 4 groupes e n parallèle.
Lors de la première session (25minutes), les consignes sont de suivre les moniteurs. Au bout d'un tour, les 2 premiers du groupe repasseront en queue de peloton, etc...
Notre groupe démarre et ca part déjà très vite. La piste est détrempée et je peux voir en montant sur la piste des vaguelettes d'eau dévalant le raidillon.
On accélère vers Kemmel à un rythme déjà élevé, et notre groupe s'étend déjà.
On grimpe à 180km/h et ma visière se couvre de grosses gouttes (dans ce cas, il ne faut pas frotter l'eau mais attendre que la couche d'eau devienne uniforme, ce qui empèche la buée de s'installer).
A mi-distance de Kemmel, je ne vois toujours pas "les combes", perdue dans le brouillard au loin.
C'est grâce aux feux stop de mes prédécesseurs que je peux commencer à percevoir le virage des "combes" au niveau du panneau 200mètres. 200Mètres de visibilité, pas terrible quand on fait 80mètres par secondes (à 280km/h).
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Corvette Z06 + Honda CBR1000RR + Ford Mondeo 2l boite auto (cherchez l'intrus) ;-)
J'aborde donc "les combes" derrière un autre pilote, qui freine de manière très prudente. C'est donc très proche de son arrière que j'entame mon premier virage avec toute la circonspection nécessaire (= comme un escargot).
Ne pouvant dépasser, je m'aligne sur la ZX10 devant moi et garde une bonne distance sur ce "freineur prudent", afin de pouvoir maximiser ma vitesse en courbe.
J'ai l'impression de retrouver mes "sensations" que je pensais pour toujours oubliées. J'ai les sens en éveil mais je suis calme, je suis conscient des risques mais je n'ai pas peur, c'est comme si mes muscles se souvenaient de la séquence magique : "Gaz, freinage, embrayage, coup de gaz, rétrogradage, déhanchage, on relache les freins et on pousse sur le bracelet droit pour se mettre en virage à gauche".
Les virages s'alignent, réguliers, lisses et glissants. Les tours se suivent et déjà le drapeau à damier est agité.
On rentre au paddock.
Mes premieres impressions: "ca va". Les conditions sont cataclysmiques (pluie, vent, brouillard) mais ca aurait pu être pire.
Certains pilotes ne sont pas du même avis :"Je me tire d'ici, sinon je vais me tuer" me lance un pilote de Bimota SB9R (au prix du joujou, mieux vaut ne pas l'abîmer).
Je suis trempé. Mon cuir n'étant pas imperméable (et percé de centaines de trous de ventilation) il est déjà gorgé d'eau ainsi que mes gants et mes bottes. C'est presque avec joie que l'on rejoint la salle de cours pour la deuxième session théorique (un film DVD des différents virages filmés à bord d'une moto). On sèche tant bien que mal, mais je préfère garder mon cuir afin d'éviter la sensation insupportable d'avoir a enfiler du cuir mouillé.
Sans surprise, l'essentiel des questions portent sur le pilotage sur le mouillé, essentiellement motivés par l'expérience de la première session. Visiblement, certains se sont fait peur (à Bruxelles et à Blanchimont) mais pas de bobos.
C'est l'heure de la 2eme session circuit, et je me sens en confiance malgré mes pneus pour temps sec.
Cette session sera "libre" dès qu'on aura réalisé un tour complet derrière le moniteur.
Je choisis de me mettre "à l'épreuve" en partant dernier de mon groupe.
Les différents groupes partent à un minute d'intervalle pour bien se répartir sur le circuit.
On se lance en dernier pour le "tour de formation" que je mets à profit pour bien répéter les virages et observer les points de freinage de mes camarades.
Deuxième tour, on passe le raidillon et le moniteur s'écarte : Le premier de la file hésite... puis s'élance, le reste du groupe à ses trousses.
Je mets les gaz à fond graduellement dans kemmel, en "short-shiftant" (rapport supérieur à 9000tm plutot que 13000, en utilisant l'embrayage), je monte à 240km/h puis je lache les gaz car je ne vois toujours pas "les combes". Sagement, je me rapproche de la Fazer devant moi, en l'observant. Il est rapide et pilote proprement. J'attends la descent vers de "double gauche" pour le doubler et me lancer dans le double gauche. Ca glisse mais c'est prévisible. Je passe le "pif-paf" (avec une jolie mare au milieu), puis la fin de la descente suivi de "blanchimont" (qui était un de mes virages préférés). J'ai un groupe devant moi, mais c'est le moment de voir si je maitrise toujours ce virage.
Dès le "raccordement" je mets les gaz. Le pneu arrière résiste, décroche, raccroche mais la moto s'élance dans la grande courbe à droite. 180km/h, 4eme rapport, 200km/h, 220km/h, 5eme rapport. La moto ondule mais reste contrôlable. Je passe deux motos par la gauche, puis je plonge à droite avant de virer à gauche dans blanchimont, où je passe une 3eme moto par l'extérieur. Je monte sur les freins avant la nouvelle chicane à droite (très lente, glissante et sur une espèce de butte) et ma roue avant proteste en faisant remonter des vibrations jusque dans le guidon.
Je passe la chicane (en 2eme) et je relance vers l'arrivée des Formule un.
Gros freinage sur "la source" (qui ne glisse pas trop), 90° serré et on repart sur la descente vers le raidillon derrière une ZX10R. Ca sera mon premier passage en "vitesse libre" car le moniteur était particulièrement lent à cet endroit.
240km/h, on ne freine pas, on rentre un seul rapport (deux sur le sec, mais on est 40km/ plus lent), on vire à gauche le long du vibreur de gauche, à la fin du triangle de peinture, on force la moto à droite (la moto ondule), on commence à accélérer et on vise la fin du vibreur de droite (matérialisé par un cône) ce qui permet de passer la dernière courbe à gauche en coupant à travers tout et de poursuivre l'accélération sans interruption. Je passe 2 autres motos toujours derrière la ZX10 et on grimpe Kemmel à toute vitesse. On passe une BMW à feux antibrouillards : Le moniteur. En un seul tour, on a remonté 10 pilotes.
Le moniteur se lance derrière nous et on poursuit vers "les combes".
La ZX10 freine avant moi et je le colle dans le premier droit, en sortie il s'écarte à droite et je plonge dans l'ouverture à gauche. Au freinage du deuxième droite, il s'est brutalement rapproché du point d'entrée du virage et nos carénages ne sont frôlés. C'était juste mais c'est passé. Je lui fait un signe d'excuse et je poursuis dans la descente vers Bruxelles.
C'est la partie la plus humide et glissante du circuit et il demande beaucoup d'attention. A quelques dizaines de metres devant moi, je peux voir la queue du groupe qui nous précède.
Je les rejoins dans le double gauche et commence à dépasser au freinage.
Avant de rejoindre "le raccordement", une furie noire et rouge passe à ma droite : C'est la BMW du moniteur qui m'a dépassé. Je saute derrière lui et on déboule dans blanchimont l'un derrière l'autre.
Je suis plus rapide, plus léger et plus puissant, mais il est meilleur pilote et a de meilleurs pneus. Ce que je gagne à l'accélération ou en vitesse de pointe (la BMW plafonne à 200km/h), je le perds au freinage ou dans les courbes techniques.
Je passe 2 tours dans son sillage avant de décider de laisser tomber (après m'être fait peur dans Bruxelles).
C'est le drapeau à damier.
De retour au paddock, je stoppe à côté du moniteur.
Il enlève son casque en souriant : "Pas mal! Bonne technique, bonne décisions lors des dépassements et bonne vitesse sur des pneus comme ca. Toi, ce n'est pas te première fois à Spa, hein? Je trouve néanmoins que tu es un peu brutal lors des changements d'angle, ca déséquilibre la machine"
Mon ego de motard se prend un bon coup de boost, ca faisait quelques années qu'il était raplapla.
Ca veut dire aussi que je n'ai pas trop perdu la main malgré les années (5ans sans circuits), les séquelles de mon accident et mes kilos de trop.
J'en profite pour demander "On tournait en combien de temps?". Il répond "Je sais pas très bien, car mon chrono s'est embué. A vue de nez dans les 3:30".
Pas trop mal par ce temps et avec des pneus inadaptés...
C'est l'heure du lunch des pilotes (pain, pâtes et charcuterie. Le menu des sportifs), puis on passe à la 3eme session de cours (réglage de la machine).
Puis c'est l'heure de la 3eme session piste.
La pluie a redoublé et la visiblilité est encore pire que le matin. Les commissaires sortent les drapeaux jaunes et oranges (piste glissante) et allument les feux oranges en bout le ligne droite.
Dès le départ de notre groupe, les commissaires sortent également les drapeaux jaunes : Un des pilotes s'est planté en haut de la rampe d'accès. Ca promet.
Ca nous refroidit tous et on fait notre premier tour mollo.
Les conditions deviennent impossibles, et le taux d'humidité à raison de la couche anti-buée de ma visière : Avant chaque virage, je dois frotter ma visière pour voir le point d'entrée.
Au double gauche et au pif-paf, des pilotes se sont sortis.
Au tour suivant, je vois le girophare bleu d'une ambulance.
C'est la débandade, de nombreux pilotes décident de rentrer avant la fin de la session.
Le continue à rouler sans voir personne (ni rien du tout d'ailleurs) et je suis rappellé au stand par les drapeaux rouges : les commissaires ferment la session, devenue trop dangereuse.
Je rentre au paddock et la plupart des pilotes m'ont précédé.
Cours n°4 : Tour du circuit en minibus, pour voir les virages de l'extérieur. On profite du début du session d'essai des "pros" pour, en reprenant l'expression des moniteurs, "vous montrer ce qu'il ne faut pas faire".
A l'unanimité, on décide de reste à bord de la camionnette (le premier endroit chauffé et sec depuis le matin) pour observer les virages.
Derniere session circuit. Le temps c'est un peu amélioré (lire : il fait pourri comme le matin, mais on n'a plus l'impression que l'on vous lave au Karsher à graviers) et je pars avec le couteau entre les dents.
J'arriverai à dépasser une quinzaine de motos, et ne serai dépassé que 2 fois (en essayant de les suivre, je pourrai m'apercevoir que, eux, ont des pneus pluies).
De retour au paddock, distribution de casquettes.
Je remonte mes rétroviseurs et on me tape sur l'épaule. C'est le moniteur. "C'était mieux qu'en deuxième session. Presque parfait! Tu devrais essayer en pneus pluie la prochaine fois. Et vient en "expérimenté" et plus en "débutants"!".
Bon, je crois qu'il faudra que je revienne sur le sec.
Je suis trop vieux (33ans!) et en trop mauvaise condition physique pour encore espérer revenir dans la compétition, mais je pense que je peux encore entre performant chez les amateurs.
Ca me fait vraiment plaisir de voir que je pouvais encore être compétitif...
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Corvette Z06 + Honda CBR1000RR + Ford Mondeo 2l boite auto (cherchez l'intrus) ;-)