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En passant de 124 points à plus de 400 en mai 2018, le contrôle technique sera plus cher et imposera les réparations des défauts graves en 24 heures chrono.
Le contrôle technique actuel n'a pas été capable de détecter les logiciels trompeurs sur les diesels. Sera-t-il en mesure de le faire l'an prochain avec, au lieu de 124 points aujourd'hui, plus de 400 points passés en revue ? On peut en douter, mais personne ne viendra se plaindre que, sur un contrôle bien exécuté dans les règles, un véhicule potentiellement dangereux soit mis hors de toute possibilité de nuire.
Et cela sera très rapide, car si les défaillances sont toujours classées par importance entre celles qui peuvent attendre et celles qui doivent être réparées au plus tôt, le délai accordé dans ce dernier cas était jusqu'à présent de deux mois. Selon la nouvelle directive, qui est d'inspiration européenne mais que la France a décidé d'appliquer seule dès l'an prochain, un défaut grave devra être réparé dans les vingt-quatre heures en mai 2018 et être validé par une contre-visite.
Réparation immédiate
Comme il est assez illusoire d'obtenir de son garagiste le règlement du problème dans un délai aussi court, cela revient à dire qu'au terme de ces vingt-quatre heures, la voiture n'est plus utilisable légalement. Elle devra donc, dans cet intervalle, avoir rejoint un atelier en mesure de remettre les choses en ordre dans les jours ou semaines qui suivent pour repasser avec succès la contre-visite et obtenir le viatique bon pour deux ans.
Cette disposition plutôt tatillonne est à interpréter dans un cadre européen où bon nombre d'États membres peu regardants sur la qualité de leur parc roulant vont devoir se mettre à la page. Mais ils rechignent à le faire tout de suite, car cela revient à envoyer à la casse quelques milliers d'épaves roulantes qui rendent encore « des services » aujourd'hui à des gens en général peu favorisés. La France, on l'a dit, devance l'appel, mais cela ne la met pas à l'abri d'avoir à gérer un flot inattendu de mises à la casse.
Pour autant les défauts rédhibitoires qui imposent une telle épée de Damoclès ne sont pas minces et sont énumérés dans l'abondant article (78 pages) du Journal officiel européen où l'on relève notamment ceux-là : pression insuffisante dans le système de freinage, dommage externe sur le circuit de freinage, fuite de liquide de frein, fuite d'air sur l'assistance de freinage, bocal trop sale pour laisser voir le niveau de liquide de frein, câblage électrique risquant de toucher des pièces chaudes ou en mouvement, profondeur des sculptures du pneu non conforme, corrosion du châssis diminuant sa résistance, chute probable de pièces du pare-chocs ou des protections latérales, porte qui ferme mal, siège mal fixé, serrure qui se bloque inopinément, silencieux qui risque de tomber, formation continue de gouttelettes de liquide autre que l'eau.
Bombes roulantes
On le voit, c'est quand même du sérieux et, pire, cela n'empêche nullement les propriétaires de ces bombes roulantes de continuer à rouler. Cela devrait évoluer donc avec ce nouveau contrôle technique qui, jusqu'à présent, n'était bien souvent pas en mesure de détecter des manquements évidents. Il faudra donc améliorer la compétence des contrôleurs qui jusqu'ici se recrutaient parmi les titulaires d'un CAP et qui devront bientôt détenir un niveau 4 (bac pro). Va-t-on renvoyer le personnel actuel à l'école ou au chômage, le texte ne le dit pas encore.
Il y aura aussi la nécessité d'améliorer et de compléter les appareils de mesure, un investissement que les centres de contrôle voient d'un mauvais œil. Ainsi, le nouvel examen ajoutera dès mai 2018 le fameux contrôle « 5-gaz », capable d'évaluer le niveau d'émission de particules et d'oxydes d'azote (NOx). Un examen non effectué actuellement et qui laisse passer au travers des mailles les nombreux diesels dont on a démonté le filtre à particules.
« Il y aura beaucoup plus de points soumis à contre-visite, on va passer beaucoup plus de temps » sur chaque contrôle, dit Bertrand Billaud gérant de centres de contrôle et président de la branche contrôle technique de la fédération nationale de l'artisanat automobile (FNAA). « On est des entreprises artisanales, les tarifs sont libres », explique M. Billaud, qui se veut toutefois prudent : « Chaque gérant de centre gère ses tarifs, on ne sait pas dans quelle mesure les tarifs vont augmenter. » Actuellement à 65 euros en moyenne pour le contrôle d'un véhicule léger dans les 6 500 centres que compte la France, il pourrait selon certaines estimations doubler en mai prochain. Une incitation à devancer l'appel pour ceux concernés dans la seconde partie de l'année qui auront avantage ainsi à passer un contrôle plus facile et moins cher.